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II
Les causes de sa disparition
Cet
insecte qui, malgré sa fragilité, a réussi à
traverser deux ères géologiques, est aujourd'hui menacé
par le frelon asiatique, par notre comportement (disparition des
espaces à butiner, plus de pollution et multiplication des
pesticides, insecticides et autres produits chimiques qui se sont
répandus dans la nature), par de multiples parasites ou
champignons ainsi que par des prédateurs.
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a) Le frelon asiatique
Le
Vespa
Velutina Nigrithorax
est une espèce de frelon originaire d'Asie Orientale (Nord de
l'Inde, Chine, Indonésie). La taille des ouvrières peut
aller de 20 à 25 mm, alors que les fécondatrices
peuvent mesurer jusqu'à 30 mm. Il est impossible de le
confondre avec son cousin européen le Vespa
Crabo
car il se différencie par sa taille et sa couleur. En
effet, le frelon asiatique est plus petit et plus sombre que le
frelon européen, mais plus résistant car son climat
d'origine est montagneux. Les reines frelons sont impressionnantes,
d'autant qu'elles volent en faisant beaucoup de bruit. Pourtant,
l'animal est assez farouche. Les fécondatrices passent la
période froide en hibernant entre l'écorce et le tronc
du bois sec comme des buches de cheminée par exemple. Les ouvrières,
au contraire, ne verront pas revenir les beaux jours, terrassés
par un hiver trop rude.

En
2005, un cargo de marchandises, dont les conteneurs étaient
envahis par des colonies de frelons asiatiques, est arrivé en
France . Ce frelon, extrêmement invasif, s'est répandu
dans toute la France en moins de deux ans. Il peut se propager au
rythme de 100 kilométres par an. Une de ses caractéristiques
est de s'attaquer aux ouvrières des ruches, plus
particulièrement aux Apis
Melifera et Apis Ceranae, les abeilles communes en France, présentes
notamment dans le Sud-Ouest. Selon
les observations, ce frelon se positionne en vol stationnaire à
l'entrée des ruches, prêt à fondre sur les
abeilles chargées de pollen pour les tuer en leur coupant la
tête avec ses mandibules puissantes et entraînées.
Il la saisit entre ses pattes et la tue d’un coup de mandibules
derrière la tête avant de l’emporter dans un arbre
pour la dépecer. Après avoir arraché les pattes
et les ailes, il fait, de l'abeille encore toute chaude, une boulette
qu’il emporte jusqu’au nid pour en nourrir les larves. Il arrive
à tuer et à emporter deux abeilles toutes les trois
secondes. Cinq ou six frelons seulement suffisent à condamner
une ruche...

En
2008, la préfecture de la Gironde a informé l'ensemble
des maires du département des démarches réglementaires
à suivre en cas de découverte d'un nid. L'espèce
n'étant pas encore déclarée comme nuisible,
l'Etat décline toute responsabilité en précisant
que le piégeage devra être organisé par «
des professionnels de l'apiculture ». En janvier 2009, le
conseil général de la Gironde a incité les
particuliers à créer des pièges à l'aide
de bouteilles en plastique découpées, dotées
«d'un mélange de vin blanc, de bière brune et
d'un trait de sirop de cassis». Pour une plus grande efficacité
du piège, il est nécessaire de le laisser en l'état
après utilisation et de ne pas le nettoyer.

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b)
L'influence des hommes
Le
risque sanitaire le plus sérieux, consiste en l'emploi par
l'homme, d'insecticides systémiques1 pour traiter les semences.
Deux substances actives, l'imidaclopride contenu dans le Gaucho (pour
le maïs), et le fipronil du Régent (pour le tournesol)
sont soupçonnées d'être liées à la
mortalité et à la désorientation des butineuses.
Ce qui alarme surtout les apiculteurs, c'est la reconduite de
l'autorisation de mise sur le marché d'un autre insecticide,
le Cruiser. Celui-ci, utilisé pour les grandes cultures, est
accusé de tuer les abeilles au même titre que le Régent
et le Gaucho, alors que ces derniers sont proscrits.

L'abeille
est un insecte très fragile car il lui manque un certain
nombre d'enzymes détoxifiantes2 présentes chez d'autres
insectes telle que la mouche.
D'après
des scientifiques britanniques, les ondes des téléphones
portables perturberaient les abeilles. Les abeilles pollinisatrices
perdent leur sens de l'orientation à cause des radiations
éléctro-magnétiques émises par les
téléphones portables. Selon les chercheurs, les ondes
créent des interférences avec le système
d'orientation des abeilles qui partent polliniser les champs.
Résultat, lorsque ces insectes tentent de retourner à
la ruche, ils sont incapables d'en retrouver le chemin et meurent.
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c) Les parasites
Selon
des chercheurs de l'université de Columbia, de multiples
micro-organismes, tel que le parasite Nosema Ceranae (parasite de
l'intestin de l'abeille), seraient à l'origine de la
contamination. Ce parasite est très dangereux car il peut
résister aussi bien au froid qu'à la chaleur. Un ruche
peut être infectée en deux mois et la totalité de
la colonie d'abeilles peut s'effondrer en six mois. Le Nosema Ceranae
était, à l'origine, un parasite typiquement asiatique
mais il semblerait qu'il se soit répandu dans les régions
apicoles françaises ainsi qu'en Amérique. Les colonies
qui survivent à ce parasite en sont néanmoins fortement
affaiblies et deviennent souvent improductives et vulnérables
à d'autres virus. Selon les scientifiques, une longue période
d’incubation asymptomatique peut expliquer l’absence de signes
avant-coureurs de l’effondrement.
Comme
pour les autres espèces animales, les principales maladies qui
affectent les abeilles sont d'origine parasitaires, bactériennes
ou virales. Elles peuvent tout aussi bien toucher le couvain que les
insectes adultes. Les plus répandues et les plus dangereuses
pour les colonies sont les loques, l'acariose, la varroase et la
nosémose, extrêmement contagieuses.
La
varroase, parasite asiatique arrivé en Europe dans les années
1960, est provoquée par un acarien externe (Varroa
Jacobsoni)
qui parasite tous les individus de la colonie sans distinction. Ce
sont, en effet, de puissants vecteurs de virus pathogènes.
Mais depuis quelques années et un peu partout dans le monde,
Outre-Atlantique en particulier, la Varroase développe des
capacités de résistance aux traitements. C’est
pourquoi, elle est suspectée d’être à
l’origine de l’épidémie actuelle. Cependant,
aucune corrélation absolue n’a pu être établie
avec le phénomène d’effondrement.
La
nosémose
(Nosema
Apis et
Nosema
Cerana)
est causée par un protozoaire qui phagocyte3 les abeilles
adultes. Récent
en Europe, c’est un champignon présent depuis plus de 10
ans aux Etats-Unis et découvert il y a cinq ans en France. Il
est de plus en plus suspecté d’être une cause majeure
du syndrome d’effondrement. Victimes de diarrhées, elles
libèrent des microspores et contaminent d’autres abeilles.
La
loque américaine
(Paenibacillus
Larvae)
appelée aussi loque puante ou pourriture du couvain, est une bactérie qui dévore les larves d'abeilles de l'interieur.
La
loque européenne
(Streptococcus
Pluton)
provoque des effets similaires.
L'acosphérose
(Ascosphaera
Apis)
est un champignon qui décime les larves du couvain en les
momifiant. Elles durcissent en conservant leur forme et deviennent
cassantes. Celle-ci est encore appelée maladie du
couvain plâtré ou maladie du couvain calcifié.
La
néonicotinoïdes avec l’imidaclopride (substances chimiques conduisant à
la paralysie et à la mort des insectes), le thiamethoxam ou
le clothianidine tout comme la famille des pyréthroïdes
de synthèse et la deltaméthrine sont toutes des
substances actives à effet d'insecticide qui agissent sur le système nerveux des insectes.
Les
abeilles peuvent également être atteintes de virus durcissant, déformant ou paralysant.
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d) Les prédateurs
>
les mammifères : en
hiver, des rongeurs pénètrent
dans les ruches et détruisent les rayons. lérot
>
les ovipares : les lézards, les oiseaux insectivores comme
l'hirondelle, le guépier ou la bondrée apivore. guêpier
>les
insectes : les
cétoines (coléoptère), à partir de mai,
s'introduisent dans les ruches et dévorent la cire et le miel
en creusant des rigoles sinueuses dans les rayons. En plein été,
le sphinx tête de mort, un gros papillon nocturne, pénètre
dans les ruches et se nourrit de miel. Les larves de meloe
proscarabaeus (coléoptère) et les fausses teignes
(chenilles) rongent la cire, se nourrissent du couvain et même
du bois de la ruche. Les araignées, ainsi que certains insectes
comme les guêpes ou les frelons capturent les butineuses. cétoine
Cependant,
une bonne partie de ces parasites et prédateurs, déjà présents depuis
longtemps dans l'environnement de l'abeille, et malgré leur prolifération, n’expliquent pas
à eux seuls le pic de mortalité apicole.
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| Insecticides systémiques1: produit
protégeant la plante des insectes nuisibles, véhiculé
par la sève permettant d'agir sur les organes internes de la
plante.
Enzymes détoxifiantes2 : Protéines accélerant les réactions chimiques de l'organisme.
Protozoaire qui phagocyte3: micro-organisme formé d'une seule cellule qui détruit en absorbant puis en découpant en petits morceaux.
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